Mohammed Baba
Un collaborateur d'Action Damien soigne les blessures au pied de Mohammed. Toutes les deux semaines, une clinique mobile vient dans son bidonville, où vivent de nombreuses personnes atteintes de la lèpre. Assis en rang, ils bavardent et attendent leur tour. Ils se connaissent bien. Ici, il y a 48 chambres pour plus de 300 patients, soit sept personnes par chambre en moyenne. « L'intimité ? Ici, ça n'existe pas ! » Il rit de bon cœur.
Mohammed, qui doit avoir une soixantaine d'années, est très instruit. Il a étudié à l'université et travaillait au ministère de l'enseignement. Mais quand il a contracté la lèpre en 1974, il a tout de suite été licencié. À l'époque, la stigmatisation était importante et elle l'est toujours aujourd'hui. « Ici, nous ne menons pas une vie normale. Nous n'avons aucun contact avec des personnes en bonne santé, en dehors du personnel d'Action Damien. Nous ne pouvons donc pas travailler. Action Damien m'a néanmoins offert un frigo, ce qui me permet de vendre des boissons fraîches et de gagner un peu d'argent. Pour le reste, nous sommes dépendants de la générosité des personnes qui viennent de temps en temps nous apporter de la nourriture. »
Il y a une chose dont Mohammed ne peut pas se plaindre, c'est sa vie amoureuse. « J'ai rencontré ma femme alors que j'avais déjà la lèpre. Et elle a quand même bien voulu m'épouser ! Elle a même accepté de venir vivre ici, dans la communauté de personnes atteintes de la lèpre ! J'ai beaucoup de chance », clame-t-il.
TEXTES: Wendy Huyghe
PHOTOS: Tim Dirven @T.Dirven pour Action Damien